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SAMANTHA LUNDER

Faire du bénévolat est, aujourd’hui, devenu une action très courante en Romandie. Loriane Salamin, secrétaire générale de Bénévoles Valais-Wallis, nous parle des enjeux actuels du secteur.
La façon dont chacun s’engage a évolué: organisations et bénévoles imposent toujours plus de contraintes, afin que tout se passe dans de bonnes conditions.
La limite entre le travail rémunéré et celui qui ne l’est pas est parfois subtile. Il faut savoir trouver le bon équilibre.

La fête des vignerons et les festivals de l’été l’ont encore prouvé, les Suisses aiment offrir de leur temps. De l’aide aux proches aux heures passées derrière un bar pendant une manifestation, le bénévolat à la cote et les chiffres le confirment. Vingt pour cent de la population donne de son temps. Secrétaire générale de l’association Bénévoles Valais-Wallis, depuis cinq ans et demi, Loriane Salamin nous parle des défis actuels de la branche. Même si aucun cadre légal ne régit le bénévolat, en Suisse, associations et bénévoles deviennent toujours plus exigeants quant à leurs besoins.

Pourquoi avons-nous besoin de personnes bénévoles, aujourd’hui, en Suisse romande ?
Notre société helvétique repose sur cet équilibre entre l’État, l’économie et les citoyens. Ces élans bénévoles se créent pour répondre à un besoin. On parle ici, bien sûr, de tout type d’aide, toute personne fait du bénévolat, mais dans des domaines différents en fonction de leurs intérêts et de leurs disponibilités. Il existe en effet deux aspects distincts, à savoir le bénévolat organisé, qui passera par le biais d’une association ou d’une autre entité, et celui informel, comme l’aide aux proches, à des connaissances.

Vous évoquez deux formes de bénévolat. Comment ont-elles évolué dans le temps ?
Historiquement, le bénévolat avait une connotation religieuse, on faisait la bonne action de la semaine, mais ce symbole de charité a changé. Maintenant il s’agit de se mettre au service des autres, sans perspective de rémunération. La notion de compétence a aussi considérablement évolué: les attentes des organisations et les besoins des bénévoles sont toujours plus grands. En plus de trouver du plaisir dans l’activité effectuée, le bénévole veut de la flexibilité. Les associations doivent donc s’adapter pour ne pas imposer trop de rigidité. Et, au contraire, celles-ci recherchent la compétence, l’efficacité du bénévole et un engagement sérieux.

Justement, les besoins grandissants de ces organisations ne rendent-ils pas parfois floue la frontière entre le bénévole et l’employé ?
C’est effectivement le grand défi! Les personnes qui cherchent à avoir des bénévoles doivent répartir les tâches dans leur équipe de manière à n’épuiser personne. Une mission pourrait être en péril et risquer de disparaître, s’il y a trop peu de bénévoles par exemple. Il faut trouver le bon équilibre. Nous recommandons une moyenne maximale annuelle de quatre à six heures par semaine de bénévolat, afin de ne pas concurrencer le domaine du travail ou d’exploiter les bénévoles.

Comment éviter ces abus et être sûrs que l’action se fait de manière juste ?
Il n’y a aucune base légale au niveau suisse qui régit le bénévolat, et qui donc détermine le nombre d’heures à effectuer, ou le défraiement que chacun devrait ou non recevoir. Nous nous conformons, par contre, à des règles d’or établies par l’association Benevoles Schweiz. Celles-ci invitent chacun à définir clairement les attentes et les besoins lors d’un engagement pour que tout se passe bien. Bénévoles et organisations ont des droits, des devoirs mais également des responsabilités mutuelles.

N’est-ce pas alors compliqué de savoir ce qui est acceptable ou non dans les tâches que l’on va donner à ces personnes ?
La clé, c’est d’être certain que ce qu’on va proposer correspond à ce que le bénévole attend et est en mesure de réaliser. Il est important de se mettre d’accord dès le départ. Il faut être totalement transparent dans la tâche que chacun aura et, à l’inverse, le bénévole aura des responsabilités aussi à respecter. Aujourd’hui, je constate que les problèmes sont rares, les gens sont conscients de ce que cela implique d’être bénévole et les organisations évoluent respectueusement.

Finalement, vous décrivez un domaine de plus en plus exigeant: ne devrions-nous pas envisager une rémunération pour toutes ces personnes?
Je pense que tout travail mérite salaire, mais un salaire n’est pas forcément pécuniaire. D’où l’importance de répondre aux besoins du bénévole. Celui qui n’atteint pas sa quête de sens dans l’organisation où il s’est engagé partira. L’argent est un élément central. Une action bénévole ne doit pas coûter à celui qui la fait. C’est pourquoi les organisations sont invitées à défrayer, par exemple, le trajet, le repas ou les frais téléphoniques nécessaires au bon déroulement de l’activité. Là, il y a encore du boulot, non pas parce qu’on ne veut pas donner cet argent, mais surtout parce que les associations ne savent pas où le trouver.