TEXTES ET PHOTOS:
SAMANTHA LUNDER

Après dix ans de gymnastique, la Valaisanne Laura Barby a eu besoin de changer de sport: elle a décidé de se tourner vers la pole dance.
La pratique était, autrefois, connue pour être pratiquée dans les boîtes de strip-tease, mais elle commence à faire sa place comme un sport traditionnel. Des discussions sont même en cours pour l’intégrer aux Jeux Olympiques.
Elle consiste à tourner autour d’une barre pour réaliser différentes figures demandant autant de force physique que de grâce.

Avec délicatesse, Laura pose sa main sur la barre de métal. Elle s’élance pour la mettre en mouvement et s’y agrippe avec son autre bras. Enroulée tout autour, elle virevolte. Puis enchaîne les figures: la tête en bas, les jambes pliées, elle grimpe, rapproche son corps du centre de la tige métallique pour gagner en vitesse. Après quelques minutes dans les airs, elle ralentit en écartant les bras, tenue seulement par la force de ses jambes. Le moment était court, mais intense: la jeune femme redescend sur la terre ferme, essoufflée. «On reste au maximum cinq minutes sur la barre en variant les positions statiques et en mouvement. On ne se rend pas compte, mais c’est très physique.»
Dessinatrice en bâtiment et également étudiante en naturopathie, Laura Barby trouve dans la pole dance un moyen de se défouler après ses longues journées. Dans la salle de l’école Air Pole, à Sion, son entraînement commence par quelques étirements sur un tapis de sol: «C’est très important de bien s’échauffer avant d’aller sur la barre, pour ne pas se blesser.» Car ce sport demande autant de souplesse que de force dans tout le corps.

Des débuts laborieux

Quelques mouvements de tête et de poignets, et c’est reparti. Une fois dans les airs, tout semble si facile pour Laura. Tête en bas, elle reprend de plus belle. «C’est loin d’être simple, on a un mélange entre la force dont on a besoin dans tout notre corps et la grâce que les mouvements demandent. J’ai eu envie de tester quand j’ai vu ça dans une émission de télévision, je trouvais incroyable.»
Les débuts ne sont pourtant pas si évidents. «Je me souviens bien que, lors des premiers cours, j’étais incapable de décoller les pieds du sol!» Même si Laura avait la souplesse, il a fallu acquérir une certaine technique pour réaliser ces différentes figures. «L’avantage, c’est que cela muscle tout le corps, sans avoir à répéter cent fois les mêmes abdos.» L’idée est, ensuite, de pouvoir faire des chorégraphies en multipliant justement ces mouvements. «Je pense que c’est accessible à tous, mais qu’il ne faut pas se décourager, car cela demande énormément d’énergie, continue-t-elle. Je le vois clairement dans certains cours, les filles sont raides à la fin!»

«L’avantage, c’est que cela muscle tout le corps, sans avoir a répéter cent fois les mêmes abdos.»

Laura Barby, pratiquante de pole dance

En seulement deux ans de pratique, elle a déjà atteint un très bon niveau. En remportant même la Swiss Pole Cup dans sa catégorie. «J’étais très contente, mais c’est la seule compétition que j’ai faite, car je réalise que je me mets une trop grande pression. Je préfère que cela reste une passion avant tout.» Car, une fois dans sa bulle, celle qui habite Saillon ne décroche plus: elle vient en moyenne deux ou trois fois par semaine.

Un sport connu pour son aspect sensuel

Laura Barby donne aussi des cours dans l’école où elle s’entraîne. Elle constate que la pole dance reste un sport peu connu. «Je n’ai jamais eu de peine à dire ouvertement que j’en faisais, mais je sais qu’il y a encore des gens qui parlent de gym plutôt que de dire que leur sport est la pole dance.» Une image peut-être trop attachée à celle des strip-teaseuses qui la pratiquent. «Nous, on fait de la pole sportive, mais il y a également la pole exotique, qui se pratique en hauts talons, en faisant une chorégraphie aussi plus sensuelle.»
Dans les deux cas, la pole demande une tenue plutôt légère, pour une meilleure adhérence à la barre. «C’est peut-être ça qui rend la pole plus sexy qu’un autre sport, constate Laura. On est souvent en short et en brassière car, sans contact avec la peau, on tombe!»
Les cours sont mixtes, ce n’est pas un sport uniquement pour les femmes, des hommes aussi le pratiquent. Kevin Lopes, qui a ouvert l’école Air Pole de Sion où elle enseigne, confirme: «Je pense que ça commence gentiment à être vu autrement, mais, quand j’ai dit que j’ouvrais une école, j’ai eu certaines remarques dénigrantes sur le fait que c’était de la danse sensuelle. Personnellement je n’ai jamais été fan de ce côté sexy, j’essaie justement de montrer que c’est pour tout le monde, et très sportif.»
Plusieurs compétitions comme celle à laquelle Laura a participé sont organisées en Suisse, dont un championnat du monde l’an prochain, «des discussions sont même en cours pour que la pole intègre les Jeux Olympiques.» Pour Kevin, le temps est à la formation de la relève: une vingtaine d’enfants sont actuellement inscrits à ses cours (lire encadré). «J’avais la crainte que les parents aient une appréhension du fait que je suis un homme, mais tout s’est très bien passé et ils viennent avec beaucoup de plaisir. Cela montre bien qu’on est sur le bon chemin pour considérer la pole comme un sport à part entière.»

«Je n’ai jamais été fan de ce côté sexy, j’essaie justement de montre que c’est pour tout le monde, et très sportif.»

Kevin Lopes,fondateur de l’école Air Pole